L’origine de l’église anglicane: un conflit entre le roi et le pape
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Le contexte politique et religieux
Au début du XVIe siècle, l'Angleterre est un royaume catholique, soumis à l'autorité du pape, qui réside à Rome. Le roi Henri VIII, qui monte sur le trône en 1509, est un fidèle défenseur de la foi catholique. Il écrit même un livre contre la Réforme protestante, initiée par Martin Luther en Allemagne, et reçoit le titre de “Défenseur de la foi” du pape Léon X.
Cependant, Henri VIII a un problème personnel qui va le pousser à s'opposer au pape. Il est marié depuis 1509 à Catherine d'Aragon, la fille des rois catholiques d'Espagne, mais celle-ci ne lui donne pas de fils héritier. Or, Henri VIII craint que la succession du trône ne soit contestée, comme ce fut le cas lors de la guerre des Deux-Roses, qui avait opposé les maisons de Lancastre et d'York au XVe siècle. Il souhaite donc divorcer de Catherine d'Aragon et se remarier avec Anne Boleyn, une jeune dame de la cour, dont il est épris.
La rupture avec Rome
Pour obtenir le divorce, Henri VIII doit demander l'annulation de son mariage au pape, qui est le seul à pouvoir le faire. Mais le pape Clément VII refuse, car il est sous la pression de l'empereur Charles Quint, le neveu de Catherine d'Aragon, qui menace de l'envahir s'il cède aux exigences du roi d'Angleterre.
Henri VIII décide alors de prendre les choses en main. Il nomme Thomas Cranmer, un partisan de la Réforme, comme archevêque de Cantorbéry, le chef de l'église d'Angleterre. Cranmer prononce l'annulation du mariage de Henri VIII et de Catherine d'Aragon, et valide le mariage de Henri VIII et de Anne Boleyn, en 1533.
Le pape réagit en excommuniant Henri VIII, qui riposte en se proclamant chef suprême de l'église d'Angleterre, par l'Acte de suprématie de 1534. Cet acte rompt définitivement les liens entre l'Angleterre et Rome, et donne naissance à l'église anglicane, qui reconnaît l'autorité du roi et non plus du pape.
Les conséquences de la rupture
La rupture avec Rome entraîne des changements importants dans l'église et la société anglaises. Henri VIII ordonne la dissolution des monastères, qui sont des bastions du catholicisme, et confisque leurs biens, qu’il distribue à la noblesse et à la bourgeoisie, qui le soutiennent. Il impose également l'anglais comme langue liturgique, à la place du latin, et fait traduire la Bible en anglais, pour la rendre accessible au peuple.
L’église anglicane conserve cependant une grande partie de la doctrine et des rites catholiques, comme la croyance en la présence réelle du Christ dans l'eucharistie, le culte des saints, ou le port de la soutane par les prêtres. Elle se distingue ainsi des églises protestantes continentales, qui rejettent ces pratiques.
La naissance de l'église anglicane provoque aussi des tensions et des persécutions religieuses en Angleterre. Les catholiques, qui restent fidèles au pape, sont considérés comme des traîtres et sont soumis à des lois restrictives. Les protestants radicaux, qui réclament une réforme plus profonde de l'église, sont également persécutés. Les successeurs de Henri VIII, comme sa fille Marie Tudor, qui tente de rétablir le catholicisme, ou sa fille Elisabeth Ière, qui consolide l'anglicanisme, doivent faire face à des révoltes et à des complots, qui menacent la stabilité du royaume.
La naissance de l'église anglicane est donc un événement majeur de l'histoire de l'Angleterre, qui a des répercussions politiques, sociales et culturelles. Elle marque la volonté du roi d'Angleterre de s'affranchir de l'influence du pape et de renforcer son pouvoir. Elle reflète aussi la diversité et les conflits des courants religieux qui traversent l'Europe au XVIe siècle.